19 mai 2007

KL-Natzweiler, quelques documents

Document d'enregistrement d'un détenu NN français

L'inventaire des biens dont est dépouillé un déporté NN à son arrivée

Un convoi de déportés traversant la ville de Sainte-Marie-aux-mines en 1944

La classification des déportés

Les plans du bâtiment du crématoire



La lettre de Kramer à Sievers informant que la chambre à gaz (G-Zelle) d'une capacité de 20 m3 est prête.

L'entonnoir de la chambre à gaz servant à la diffusion des gaz toxiques (acide cyanidrique).

Lettre de Sievers à Eichmann concernant la "constitution d'une collection de squelettes"

Lettre de Hirt à Sievers au sujet de l'avenir de la "collection de squelettes" après l'évacuation du camp.



KL-Natzweiler

Connaître, comprendre, réfléchir, se souvenir...





Dans le musée du camp...











17 mai 2007

Compte-rendu du témoignage de Mme Clément par Emilie Kljimenta

Mme Clément (Ginette Lion), ancienne déportée au camp de Ravensbrück en Allemagne, près de Berlin, a témoigné de la plus grande déshumanisation connue dans notre histoire : la Shoah, ce qui veut dire en hébreu : anéantissement.

Mme Clément est fille de Monsieur et Madame Lion, parents engagés dans la résistance, et qui furent en Février 1944 déportés au camp tristement célèbre d’Auschwitz, camp d’extermination. Ils furent gazés puis brûlés… Ginette Lion n’avait alors que 15 ans.

L’Allemagne était un pays ébranlé par la 1ere guerre mondiale, avec ses crises économiques et sociales. Les magasins affichaient « rien à vendre aujourd’hui ». Et il y avait aussi la triste condition des juifs. On leur confisquât beaucoup de droits. Il leur était interdit d’exercer une profession pour l’Etat, interdit de fréquenter un hôpital, un cinéma, un musée, le couvre-feu leur était imposé, l’étoile jaune devait être portée dès l’age de 6ans, et certains parcs indiquaient « Interdit aux juifs ». Une personne était considérée comme juive si une personne était juive il y a 3 générations dans sa famille ou même si l’époux (se) était juif (ve).

« Je suis soumise à toutes restrictions, étant juive, il m’est en particulier interdit de poursuivre mes études. »

témoigne Mme Clément. C’est le 27 Mars 1942 qui donne lieu à la première déportation juive.

A proximité des Troyes, sa tante qui travaillait en secret dans un magasin avait décidé d’accueillir des résistants, ainsi que Monsieur et Madame Lion.

« Notre foyer devint rapidement un nid de résistants »

Ceux-ci les informaient sur les actions résistantes et faisaient le point chaque jour.

Un matin à 7 heures, Madame Clément part avec sa sœur et un résistant au magasin car celui-ci devait préparer un trafic. Une voisine arriva affolée « sauvez-vous vite, toute votre famille vient de se faire arrêter ». Toute la famille s’est faite déportée par le convoi numéro 168, qui menait à Drancy, puis à Auschwitz [ci-contre le nom des parents de Ginette Lion sur le mémorial construit à Paris en 2005]. Elles ne les aperçurent que vaguement pour la dernière fois dans un bus. Elles trouvèrent refuge dans un café.

« Sauvées mais seules »

De bons amis chrétiens les accueillerent avec compassion. Les deux sœurs décidèrent ensuite de travailler activement dans la résistance en tant qu’agents de liaison.

« Résister c’était combattre activement contre l’ennemi allemand et le nazisme »

« Etre agent de liaison était une dangereuse mission car il fallait combattre activement contre l’ennemi avec peu de moyens. »


Elle devait transporter des faux papiers, de l’argent, des armes, des communiqués, des émetteurs, ainsi que des messages codés tels que « Les jonquilles vont êtres coupées demain »

Ou même un vers d’un poème de Verlaine « Les sanglots longs des Violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone» déclarait une attaque imminente.

Epinal, Nancy étaient deux grandes plaques tournantes par lesquelles des prisonniers évadés, des recherchés, des juifs, des résistants…passaient pour gagner la « liberté ».

Parmi les résistants, on trouvait également des personnes qu’on appelait les « Justes » car ils abritaient des enfants juifs, cachés, risquant leur vie pour les protéger.

La petite Ginette et sa sœur devaient retirer leur étoile jaune, changer d’identité, donc porter des faux papiers, changer d’état physique, et elle pris le nom d’ « Annick ». Une tante de Paris les hébergeait, mais elle était soucieuse des risques qu’elle prenait.

La première mission de la jeune fille de 16ans fût de transporter une grosse valise à la sortie de Paris. Lors du premier rendez vous il n’y avait personne. Elle n’y trouva personne le lendemain, ce ne fût que le 3eme jour qu’elle trouva un homme silencieux et son silence la rassura : ce n’était pas un ennemi.

Un jour a 4 heures du matin elle dormait dans une chambre avec une petite fille de 10 ans, quand la gestapo arriva. Tout le monde fût arrêté sauf elle et la petite qui étaient cachées. Elle laissa la petite à une sœur et parti à Dijon puis en Bretagne, centre actif de la résistance. Elle y a rencontré le colonel Fabien, déguisé en prêtre. Mme Clément a eu beaucoup de missions

« Ce serait fastidieux de tout vous énumérer ».

En Normandie, en pleine forêt, elle voit un résistant avec une annonce qui prévenait le débarquement en Normandie. Elle pris le train pour Rennes.

«A l’arrivée je me dirige vers la sortie…et je suis littéralement kidnappée par deux hommes en civils »

Dans la voiture, un homme la regardait, couvert de sang et d’hématomes, il semblait désolé. Elle reconnut son chef de secteur. Il a été contraint de donner l’heure de l’arrivée du train de la jeune fille. Une fois avec les SS elle est entièrement dévêtue, et ils découvrent les précieux documents pour le débarquement.

« Commencent alors les interrogatoires »

Elle se fait par la suite torturer, et le lieutenant utilisait de vulgaires expressions. Melle Lion, ne pouvant exprimer la terreur raconta une anecdote :

Le lieutenant : « tu me serreras la main tout de même après la guerre si on se revoit, avec un monstrueux culot

- Mais, vous serrez mort après la guerre ! » Répondit-elle avec le même culot.

Finalement après la guerre ce lieutenant a été condamné à mort.

C’est à partir du 6 Juin 1944 que la jeune fille est tenue comme responsable du débarquement en Normandie. A 4 heures du matin, les supplices commencent : des chocs électriques, le « supplice de la baignoire », ou le « supplice de la goutte d’eau ». Ces supplices durèrent près de trois semaines. Elle avait dévoilé son vrai nom aux Allemands.

« Afin que ma mort inéluctable soit connue de mon vrai nom par ma sœur »

Elle est ensuite mise en cage, rasée, et on l’empêcha de dormir

«Je ne sais pas combien de temps …j’avais complètement perdu le notion du temps […] j’étais une véritable loque humaine »

Elle va par la suite en prison, les cris, les bruits sont toujours les mêmes. Les femmes sont toutes solidaires entre elles. Lorsque les prisonniers allaient se faire fusiller il chantaient à tue tête le Marseillaise.

Une nuit : « qui est Ginette Lion dite Annick ? Elle se désignât. Vous avez été condamné à mort…vous mourrez dans quelques jours ». Mais un bombardement inattendu a permis une évacuation, et les prisonniers sont conduits vers un centre de triage, près de Rennes. Ils étaient 120 par wagon à bestiaux, pendant un mois, avec des femmes enceintes…Personnes ne pouvait être ni debout ni assis ni couché. Deux prisonnières ont réussi à s’enfuir dans une gare où l’on demandait à désaltérer les prisonniers, mais de ce fait les portes ont été définitivement fermées. A Belfort dernière étape avant l’Allemagne, le général Pétain est venu souhaiter un « bon voyage » aux déportés.

Arrivés en Allemagne tout le monde est sorti du train…tous sauf Ginette. Elle pensait que c’était une erreur pourtant ça n’en n’était pas une lui confirma un SS. Elle resta dans le train en présence de nouveaux prisonniers. Au cours de ce voyage il y a eu beaucoup de morts. Au terminus

« Des ordres sont hurlés en allemand…Raus ! »

En sortant elle vit une grande muraille surmontée de barbelés ils étaient arrivés à Ravensbrück, appelé « la petite Sibérie » ou le pont aux corbeaux. Il y avait des baraques en bois, des fleurs, des jardins, des pavillons, mais ce n’était là que le quartier général des SS. Elle vit des femmes habillées en robe bleu à rayures avec des triangles de différentes couleurs. Il était impossible de communiquer, il y avait 26 langues. Les prisonnières commencèrent leur quarantaine sans boire, sans manger. A présent son seul but était de survivre dans cet enfer. Puis à l’issue des ces interminables jours on appela les Françaises, on les doucha, les rasa, leur présenta leur paillasse où elles devaient dormir à 3. Toute pudeur était retirée. On leur jeta leur robe faite en cheveux de femme, et à chacune son triangle. Elle avait un triangle rouge (prisonnière politique).

A 3 heures du matin c’était l’appel. Il fallait se précipiter vers le lavabo, absorber un léger breuvage, et tout le monde à la place d’appel. Ce n’était qu’à 7 heures minimum que les kommandos partaient dans la neige, le brouillard et le froid .L’appel du soir n’avait pas de limite il durait au minimum 2 heures.

Les travaux que Ginette Lion avaient à faire étaient multiples : assécher les marais pour les cendres, faire de l’appareillage électronique pour la compagnie Siemens, faire des masques à gaz, transporter du sable, des objets très lourds, du charbon pour les maisons des SS, ou même aplanir le terrain pour les constructions des routes…Les femmes pouvaient également avoir un travail en rapport avec leur profession.

« La faim nous tenaillait »

Elles n’avaient qu’une soupe d’eau et de feuilles de rutabaga, du pain noir à la sciure de bois et 10g de margarine. Il y avait également beaucoup d’épidémies…

Un matin il lui est impossible de se lever, elle avait une fièvre, accompagnée de plaques rouges sur la peau : elle avait la scarlatine. Elle était contrainte de se rendre au Revier (infirmerie)

« On avait peur d’aller au Revier car c’était plus pour mourir que pour guérir »

Elle devait rester dans le Hall avec des squelettes. Elle est ensuite isolée avec 21 autres femmes.

« Aucun soin ne nous était dispensé »

Une tzigane lui a fait les lignes de la main, et lui a prédit un grand âge.

Comme beaucoup de camps, Ravensbrück avait des médecins bourreaux. Ils injectaient des maladies dans les corps des déportés, leur retiraient de grandes parcelles de leur corps, et y cultivaient des bacilles de tout types. Melle Lion réussit a guérir et retourna au camp souche, où elle ne retrouva pas tout le monde qu’elle avait connu avant d’aller au Revier.

« Certaines se sont jetées dans les fils barbelés, trouvant ainsi délivrance à leur souffrance »

Parfois, les femmes jouaient à de tristes jeux, comme enlever le maximum de poux sur la tête de leur voisine. C’était se battre contre la vermine, trouver encore un peu d’humanité. On leur demandait également de garder leur robe propre et de rester elles-mêmes propres malgré l’hygiène déplorable qu’il y avait.

Melle Lion échappa à la chambre à gaz, car elle était une main d’œuvre jeune et efficace et bon marché : elle était efficace à l’économie de guerre allemande. Un jour, un homme est venu pour une sélection, et elle parti au camp de Schlieben qui dépendait de Buchenwald. Ce camp était encore plus difficile que le camp de Ravensbrück : il y avait plus de punition, la nourriture y était presque inexistante car de toutes façons :

« La main d’œuvre était renouvelable à volonté »

« On a vu bien d’hommes se battre jusqu’à la mort pour une épluchure de pommes de terre »

Les hommes ont disparus, tous dynamités lors d’un convoi.

L’armée rouge est venue libérer le camp, tous les SS et toutes les gardiennes étaient partis. Environs 100 femmes du camp ont obtenu un laissez-passer pour aller vers l’ouest.

Melle Lion a eu l’occasion d’assister à la jonction des troupes russes et américaines à Torgau, une de ses amies y a retrouvé son mari, militaire français.

Melle Lion était la seule déportée à revenir en France avec se robe de travail bleu à rayure. Toute la presse l’a accueilli, elle était très jeune et a réussi à survivre.

Elle est accueillie par une voisine. Sa sœur la pensait morte car elle avait reçu un télégramme l’informant que la petite Ginette de 16 ans avait été fusillée.

Dans leur famille, 9 personnes manquaient à l’appel. Elle avait du mal à se voir dans la réalité, les anciens déportés ne pouvaient pas parler de leur expérience, la société trouvait cela trop horrible et même incroyable.

C’est 10 ans plus tard que Mme Clément est parvenue à se reconstruire, grâce à son mari, Michel Clément.

Ce n’est seulement au bout de 40 ans qu’il lui a été permis de raconter cette douloureuse expérience. Lorsqu’elle parle de son vécu elle se sent revivre cette période de sa vie. Elle n’est jamais retournée dans un camp. C’est son mari qui la représente lors des conférences… Aujourd’hui, elle n’en veut pas aux gens de ne pas l’avoir cru. Elle n’a jamais eu envie de se donner elle-même la mort, même dans les camps.

« A 15 ans on n’a pas envie de mourir »

« Je vous prie de rejeter toute sorte d’extrémisme, de racisme, de xénophobie… »

En félicitant Madame Clément pour son témoignage bouleversant et courageux.

KLJIMENTA Emilie.

21 avril 2007

Lénine, les thèses d'avril, 7 avril 1917

1. Parce que le gouvernement Milioukov est un gouvernement capitaliste, il mène la guerre qui est exclusivement dans l’intérêt des capitalistes. Les bolcheviks ne peuvent faire aucune concession aux slogans mensongers de “défense de la patrie révolutionnaire”.

2. Dans la mesure où la conscience politique des travailleurs n’est pas encore suffisamment développée, la bourgeoisie s’est rendue provisoirement maître de l’appareil d’État. Mais ce n’est que le premier stade de la révolution. Rapidement surviendra une épreuve de force où le pouvoir tombera entre les mains des ouvriers et des paysans pauvres.

3. Par conséquent, aucun soutien au gouvernement provisoire.

4. Nous devons dire aux masses que les soviets sont le seul pouvoir révolutionnaire viable. La tâche des bolcheviks consiste à expliquer cela patiemment et prudemment aux masses.

5. Pas de république parlementaire, mais une démocratie ouvrière sous la direction des soviets. Abrogation de la police, de l’armée de métier et de la bureaucratie privilégiée. Aucun fonctionnaire ne peut gagner un salaire supérieur à celui d’un ouvrier qualifié.

6. Confiscation de toute grande propriété foncière afin de la partager entre les paysans pauvres. Organisation des paysans en soviets. Mise sous contrôle des travailleurs des grands exploitations agricoles. Constitution d’exploitations modèles (donc pas de collectivisation forcée et brutale, mais volontaire) détenues collectivement par les travailleurs.

7. Nationalisation de toutes les banques et mise en commun de leur patrimoine pour fonder une grande banque nationale sous le contrôle de la démocratie ouvrière.

8. Pas d’introduction précipitée du socialisme (abolition du marché, de l’économie marchande et de la propriété privée des moyens de production) mais production et répartition des richesses et des services sous le contrôle des travailleurs.

9. Changer la dénomination du parti : au lieu de social-démocratie, il faut l'appeler parti communiste.

10. Prendre l'initiative de la création d'une internationale révolutionnaire.

Pravda, 7 avril 1917

Lire le texte complet. Voir la chronologie interactive de la Révolution russe.

Lénine, les thèses d'avril (texte intégral), 7 avril 1917

N’étant arrivé à Petrograd que dans la nuit du 3 au 4 avril, je ne pouvais naturellement, à la réunion du 4, présenter un rapport sur les tâches du prolétariat révolutionnaire qu'en mon nom propre et en faisant les réserves motivées par mon manque de préparation.

La seule chose que j'aie pu faire pour faciliter mon travail, et celui des contradicteurs de bonne foi, a été de préparer des thèses écrites. J'en ai donné lecture et transmis te au camarade Tsérétélli. Je les ai lues très lentement et à deux reprises : d'abord à la réunion des bolcheviks, ensuite à celle des bolcheviks et des mencheviks.

Je présente ici ces thèses qui me sont personnelles, accompagnées simplement de très brèves remarques explicatives ; elles ont été développées avec beaucoup plus de détails dans mon rapport.


I. Aucune concession, si minime soit-elle, au « jusqu'auboutisme révolutionnaire » ne saurait être tolérée dans notre attitude envers la guerre qui, du côté de la Russie, même sous le nouveau gouvernement de Lvov et Cie, est demeurée incontestablement une guerre impérialiste de brigandage en raison du caractère capitaliste de ce gouvernement.

Le prolétariat conscient ne peut donner son consentement à une guerre révolutionnaire, qui justifierait réellement le jusqu'auboutisme révolutionnaire, que si les conditions suivantes sont remplies :

a) passage du pouvoir au prolétariat et aux éléments pauvres de la paysannerie, proches du prolétariat ;

b) renonciation effective, et non verbale, à toute annexion;

c) rupture totale en fait avec les intérêts du Capital.

Etant donné l'indéniable bonne foi des larges couches de la masse des partisans du jusqu'auboutisme révolutionnaire qui n'admettent la guerre que par nécessité et non en vue de conquêtes, et étant donné qu'elles sont trompées par la bourgeoisie, il importe de les éclairer sur leur erreur avec une persévérance, une patience et un soin tout particuliers, de leur expliquer qu'il existe un lien indissoluble entre le Capital et la guerre impérialiste, de leur démontrer qu'il est impossible de terminer la guerre par une paix vraiment démocratique et non imposée par la violence, sans renverser le Capital.

Organisation de la propagande la plus large de cette façon de voir dans l'armée combattante.

Fraternisation.

II. Ce qu'il y a d'original dans la situation actuelle en Russie, c'est la transition de la première étape de la révolution, qui a donné le pouvoir à la bourgeoisie par suite du degré insuffisant de conscience et d'organisation du prolétariat, à sa deuxième étape, qui doit donner le pouvoir au prolétariat et aux couches pauvres de la paysannerie.

Cette transition est caractérisée, d'une part, par un maximum de possibilités légales (la Russie est aujourd'hui, de tous les pays belligérants, le plus libre du monde); de l'autre, par l'absence de contrainte exercée sur les masses, et enfin, par la confiance irraisonnée des masses à l'égard du gouvernement des capitalistes, ces pires ennemis de la paix et du socialisme.

Cette situation originale exige que nous sachions nous adapter aux conditions spéciales du travail du Parti au soin de la masse prolétarienne innombrable qui vient de s'éveiller à la vie politique.

III. Aucun soutien au Gouvernement provisoire; démontrer le caractère entièrement mensonger de toutes ses promesses, notamment de celles qui concernent la renonciation aux annexions. Le démasquer, au lieu d'« exiger » - ce qui est inadmissible, car c'est semer des illusions - que ce gouvernement, gouvernement de capitalistes, cesse d'être impérialiste.

IV. Reconnaître que notre Parti est en minorité et ne constitue pour le moment qu'une faible minorité, dans la plupart des Soviets des députés ouvriers, en face du bloc de tous les éléments opportunistes petits-bourgeois tombés sous l'influence de la bourgeoisie et qui étendent cette influence sur le prolétariat. Ces éléments vont des socialistes-populistes et des socialistes-révolutionnaires au Comité d'Organisation (Tchkhéidzé, Tsérétélli, etc.), à Stéklov, etc., etc.

Expliquer aux masses que les Soviets des députés ouvriers sont la seule forme possible de gouvernement révolutionnaire, et que, par conséquent, notre tâche, tant que ce gouvernement se laisse influencer par la bourgeoisie, ne peut être que d'expliquer patiemment, systématiquement, opiniâtrement aux masses les erreurs de leur tactique, en partant essentiellement de leurs besoins pratiques.

Tant que nous sommes en minorité, nous nous appliquons à critiquer et à expliquer les erreurs commises, tout en affirmant la nécessité du passage de tout le pouvoir aux Soviets des députés ouvriers, afin que les masses s'affranchissent de leurs erreurs par l'expérience.

V. Non pas une république parlementaire, - y retourner après les Soviets des députés ouvriers serait un pas en arrière, - mais une république des Soviets de députés ouvriers, salariés agricoles et paysans dans le pays tout entier, de la base au sommet.

Suppression de la police, de l'armée et du corps des fonctionnaires.

Le traitement des fonctionnaires, élus et révocables à tout moment, ne doit pas excéder le salaire moyen d'un bon ouvrier.

VI. Dans le programme agraire, reporter le centre de gravité sur les Soviets de députés des salariés agricoles.

Confiscation de toutes les terres des grands propriétaire fonciers.

Nationalisation de toutes les terres dans la pays et leur à la disposition des Soviets locaux de députés des salariés agricoles et des paysans. Formation de Soviets de députés des paysans pauvres. Transformation de tout grand domaine (de 100 à 300 hectares environ., en tenant compte des conditions locales et autres et sur la décision des organismes locaux) en une exploitation modèle placée sous le contrôle des députés des salariés agricoles et fonctionnant pour le compte de la collectivité.

VII. Fusion immédiate de toutes les banques du pays en une banque nationale unique placée sous le contrôle des Soviets des députés ouvriers.

VIII. Notre tâche immédiate est non pas d'« introduire » le socialisme, mais uniquement de passer tout de suite au contrôle de la production sociale et de la répartition des produits par les Soviets des députés ouvriers.

IX. Tâches du Parti :
1. convoquer sans délai le congrès du Parti;
2. modifier le programme du Parti, principalement :
a) sur l’impérialisme et la guerre impérialiste,
b) sur l'attitude envers l'État et notre revendication d'un « Etat-Commune »,
c) amender le programme minimum, qui a vieilli;
3. changer la dénomination du Parti.

X. Rénover l'Internationale.

Prendre l'initiative de la création d'une Internationale révolutionnaire, d'une Internationale contre les social-chauvins et contre le « centre ».

Afin que le lecteur comprenne pourquoi j'ai dû envisager spécialement, comme tout à fait exceptionnel, le « cas éventuel » de contradicteurs de bonne foi, je l'invite à com­parer à ces thèses l'objection suivante de monsieur Goldenberg : Lénine « a planté l'étendard de la guerre civile au sein de la démocratie révolutionnaire » (cité dans le n°5 de l'Edinstvo! de M. Plékhanov).

N'est-ce pas une perle, en vérité ?

J'écris, je déclare, je ressasse : « Etant donné l'indéniable bonne foi des larges couches de la masse des partisans du jusqu'auboutisme révolutionnaire.... et étant donné qu'elles sont trompées par la bourgeoisie, il importe de les éclairer sur leur erreur avec une persévérance, une patience et un soin tout particuliers... »

Or, voici comment ces messieurs de la bourgeoisie, qui se disent social-démocrates, qui ne font partie ni des larges couches ni de la masse des partisans du jusqu'auboutisme, exposent avec un front serein ma position : « L'étendard (!) de la guerre civile (dont il n'est pas dit un mot dans la thèses, dont il n'a pas été dit un mot dans le rapport !) est planté (!) » « au sein (!!) de la démocratie révolutionnaire... »

Qu'est-ce à dire ? En quoi cela diffère-t-il de la propagande des ultras? de la Rousskaïa Volia ?

J'écris, je déclare, je ressasse : « Les Soviets des députés ouvriers sont la seule forme possible de gouvernement révolutionnaire et, par conséquent, notre tâche ne peut être que d'expliquer patiemment, systématiquement, opiniâtrement aux masses les erreurs de leur tactique, en partant essentiellement de leurs besoins pratiques... »

Or des contradicteurs d'une certaine espèce présentent mes idées comme un appel à la « guerre civile au sein de la démocratie révolutionnaire » !!

J'ai attaqué le Gouvernement provisoire parce qu'il n'a pas fixé un terme rapproché, ni aucun terme en général, à la convocation de l'Assemblée constituante, et s'est borné à des promesses. Je me suis appliqué à démontrer que sans les Soviets des députés ouvriers et soldats, la convocation de l'Assemblée constituante n'est pas assurée et son succès est impossible.

Et l'on me prétend adversaire d'une convocation aussi prompte que possible de l'Assemblée constituante !!!

Je qualifierais ces expressions de « délirantes » si des dizaines d'années de lutte politique ne m'avaient appris à considérer la bonne foi des contradicteurs comme une chose tout à fait exceptionnelle.

M. Plékhanov a, dans son journal, qualifié mon discours de « délirant ». Fort bien, monsieur Plékhanov ! Mais voyez comme vous êtes gauche, maladroit et peu perspicace dans votre polémique. Si, pendant deux heures, j’ai prononcé un discours délirant, comment des centaines d’auditeurs ont-ils pu supporter mon délire ? Cela ne tient pas debout, mais pas du tout.

Certes, il est beaucoup plus facile de s’exclamer, d’injurier, de pousser les hauts cris, que d’essayer de raconter, d’expliquer, de rappeler la façon dont Marx et Engels ont analysé en 1871, 1872, 1875 l’expérience de la Commune de Paris et ce qu’ils ont dit de la nature de l’Etat qui est nécessaire au prolétariat.

M. Plékhanov, ex-marxiste, ne veut probablement pas se souvenir du marxisme.

J’ai cité Rosa Luxemburg, qui, le 4 août 1914 qualifiait la social-démocratie allemande de « cadavre puant ». Or MM. Les Plékhanov, les Goldenberg et Cie s’en « formalisent »… pour qui ? – pour les chauvins allemands qualifiés de chauvins !

Les voilà bien empêtrés, les pauvres social-chauvins russes, socialistes en paroles, chauvins en fait.


La version résumée dans la Pravda. La chronologie interactive de la Révolution russe.

La Révolution russe de 1917 : chronologie interactive

L'Empire de Russie en 1900

1905 Révolution. Le Tsar concède la création d'une assemblée représentative : la Douma.

23 fév.-8 mars* Début de l'insurrection de Petrograd.

27 fév.-12 mars La Douma forme un Comité pour le rétablissement de l'ordre et les rapports avec les institutions.
Naissance du Soviet de Petrograd.

1-14 mars Proclamation du Prikaze I.

2-15 mars Formation du gouvernement provi­soire.

Abdication de Nicolas II.

3-16 mars Michel renonce au trône des Romanov.

14-27 mars Appel du Soviet de Petrograd aux peuples du monde entier. 25 mars-7 avril Premières fraternisations.

31 mars-12 avril Arrivée en Russie de la mission socialiste alliée.

4-17 avril Retour de Lénine. Note Miljukov.

7 avril Thèses d'avril

18 avril-1er mai Début de la « crise d'avril ».

25 avril-8 mai Appel du Soviet de Petrograd pour une conférence internationale socia­liste en faveur de la paix, dite Confé­rence de Stockholm.

5-18 mai Formation d'un gouvernement de coalition avec participation socialiste. Début de mai Grandes grèves.

30 mai-12 juin Victoire des socialistes modérés aux élections municipales.

3-16 juin Ouverture du Ier Congrès des Soviets

10-23 Juin Premier acte souverain de la Roda de Kiev.

10-23 juin Début du conflit ouvert entre les bolcheviks et la direction du Soviet pan-russe.

16-29 juin Kerenski lance l'ordre d'offensive.

18 juin-1er juillet Succès bolchevik à la manifestation organisée par le Soviet.

2-15-juillet Les ministres cadets quittent le gou­vernement.

2-5-15-18 juil. Journées de Juillet.

5-18 juil.Kerenski, Président du Conseil. Mesures répressives contre les bol­cheviks.

5-18 juil. La Sejm se déclare souveraine en Finlande.

11-14 juil. Les Allemands occupent Tàrnopol.

12-25 août Ouverture de la Conférence d'Etat de Moscou.

21 août-3 sept. Les Allemands occupent Riga.

30 août-12 sept. Echec du putsch Kornilov. Kerenski généralissime.

8-21 sept. Trotski, élu Président du Soviet de Petrograd.

14-27 sept. Ouverture de la Conférence Démo­cratique.

25 sept.-8 oct. Kerenski forme un nouveau gouver­nement responsable devant la Conven­tion Démocratique.

9-22 octobre Le Soviet de Petrograd fonde le Comité militaire révolutionnaire de Petrograd.

10-23 octobre Lénine décide les bolcheviks à ins­crire l'insurrection armée à l'ordre du jour.

18-31 octobre Kamenev et Zinov'ev condamnent cette décision.

24-25 oct.-6-7 nov. Insurrection d'Octobre.

25 oct.-7 nov. Ouverture du 2e Congrès des Soviets. Lénine est élu Président du conseil des commissaires du peuple.

1-8 novembre Fuite de Kerenski.

Novembre. Kalédine soulève le sud du pays contre les bolcheviks. Débuts de la guerre civile.

13-26 novembre Les bolcheviks demandent l'armistice.

7-20 décembre Ouverture des négociations de Brest-Litovsk.

5 janvier 1918 Ouverture et dissolution de l'Assem­blée Constituante.


* La première date correspond à l'ancien style, qui s'est maintenu en Russie jusqu'en 1918. La seconde date correspond au calendrier occidental, en avance de treize jours.


[source : Marc Ferro, La révolution russe, Flammarion]

09 avril 2007

Visite de Lille (Deuxième jour)

L'entrée de la Citadelle :


Place Louise de Bettignies :





Sur la Grand'Place :

La statue de la "déesse" qui commémore la défense héroïque de la ville contre les Autrichiens en 1792.Le siège du quotidien La Voix du Nord

La vieille Bourse (extérieur et intérieur) :







Le monument aux morts, Place Rihour :






Le Musée des Beaux-Arts